Kompromat : je ne parle que du film promis

2h07 – Réal. Jérôme Salle – Avec Gilles Lellouche – Sorti le 7 septembre 2022

Synopsis

Installé en Sibérie avec sa famille, un Français voit sa vie basculer quand il devient la cible d’une machination des services secrets russes. Accusé à tort, il doit fuir, survivre et trouver une issue dans un pays où la vérité ne compte plus.

J'ai pas envie de rire en fait - Kompromat - SND Films

Le rythme d’une cavale

Kompromat ne traîne pas. Dès les premières minutes, le spectateur est happé dans une spirale infernale. Pas de temps mort : chaque scène amène la suivante comme une fuite en avant permanente. On n’a littéralement pas le temps de souffler – et c’est tant mieux, puisque c’est exactement ce que ressent le héros.

Courrez - Kompromat -SND Films

Lellouche, au sommet de son art

Le film repose en grande partie sur lui, et Gilles Lellouche ne déçoit jamais. Sobre, tendu, habité, il incarne un personnage ordinaire plongé dans une situation extraordinaire avec une justesse qui force le respect. Pas de cabotinage, pas d’excès : il porte le film avec une intensité constante, et c’est l’un des grands atouts du long-métrage.

Une réalisation immersive

Jérôme Salle, qu’on connaît pour L’Odyssée ou Zulu, réussit ici un coup de force : rendre palpable l’angoisse d’un homme traqué. La caméra colle au personnage, multiplie les angles serrés pour renforcer l’étouffement, puis s’ouvre soudain sur de grands paysages glacés qui rappellent à quel point la Russie peut être aussi magnifique qu’inhumaine. Résultat : un film visuellement superbe, tendu comme un fil, qui ne relâche jamais la pression.

Le "bon" temps - Kompromat - SND Films

Entre réalisme et clichés

Le scénario s’appuie sur des faits réels. Et c’est sans doute ce qui donne autant de poids au récit : on sait que ce type de manipulation existe, et ça glace le sang. Pourtant, le film se laisse parfois aller à la facilité : une Russie uniformément sombre, des personnages secondaires russes souvent réduits à des stéréotypes… Ce choix renforce la paranoïa mais manque un peu de nuance.

Autre petit défaut : le début du film file trop vite. On aurait aimé passer plus de temps avec la famille avant la catastrophe, histoire d’ancrer davantage le drame humain.

Verdict

Malgré ces limites, Kompromat reste un thriller redoutablement efficace. Bien écrit, impeccablement rythmé et sublimé par l’interprétation magistrale de Gilles Lellouche, le film réussit ce qu’il entreprend : tenir le spectateur en haleine pendant plus de deux heures et lui faire ressentir, presque physiquement, la peur d’être broyé par un système implacable.

Un film coup de poing, tendu, haletant et parfois effrayant de réalisme.

Note perso : 8/10

A la semaine prochaine !